Consulter un ostéopathe pour son rat
Bien connue chez le chien ou le cheval, l’ostéopathie est encore très peu répandue dans le domaine des nacs et notamment des rats.
Pourtant, le praticien ostéopathe peut s’avérer être un véritable allié de votre vétérinaire traitant dans bon nombre de cas.
Zoom sur le déroulement d’une consultation.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un ostéopathe et pourquoi faire appel à lui ?
Quelles situations peuvent amener à penser à lui plutôt qu’à un vétérinaire ?
Voici quelques éléments de réponse (liste non exhaustive).
L’ostéopathie est une médecine manuelle
qui vise à restituer l’harmonie et la mobilité
générale du corps afin que celui-ci lutte contre
les affections du milieu extérieur. Ainsi le corps
préserve son bon fonctionnement.
Il faut distinguer les vétérinaires ostéopathes qui ont rajouté une courte formation en ostéopathie à leur cursus général et les ostéopathes animaliers qui ont effectué 5 années d’école dans ce domaine. L’un n’est pas forcément plus ou moins efficace que l’autre, leurs compétences ne sont juste pas les mêmes au vu de la formation qu’ils ont suivie.
On peut consulter un ostéopathe en cas de problème locomoteur (qu’il soit inné, dû à un accident, un traumatisme ou à une chute), afin d’améliorer le confort et la fin de vie de nos vieux ratoux, afin d’assurer un meilleur confort pulmonaire à nos chroniques, pour faciliter et améliorer la cicatrisation suite à une intervention chirurgicale, en cas de « coup de mou » d’un de nos rats sans pouvoir en déterminer la cause, afin de faciliter et rendre plus harmonieuse la croissance de nos ratons ou tout simplement pour un « check-up » qui réserve d’ailleurs bien souvent des surprises !
Quel tarif faut-il prévoir pour une consultation?
Le tarif dépend beaucoup de l’ostéopathe et des prix qu’il pratique mais il parait judicieux de demander un prix de consultation moins élevé pour un rat que pour un chien, étant donné que la durée des manipulations va être beaucoup plus courte (le rat est moins enclin à se laisser faire 20 minutes qu’un chien). Ainsi le gros du travail sur le rat ne va généralement pas dépasser 10 minutes, contrairement au chien où la séance peut s’étaler jusqu’à 1h par
exemple. Il faut tout de même rajouter à ce tarif les coûts de déplacement si l’ostéopathe choisit de consulter à domicile. La pratique au sein des nacs étant encore peu répandue il est difficile de donner une fourchette de prix assez fiable mais on peut raisonnablement penser qu’un coût d’environ 25/30€ serait le plus proche de la réalité.
Comment va se dérouler la consultation ?
En premier lieu, le praticien va effectuer la prise des commémoratifs : nom, âge, sexe, espèce/race de l’animal, antécédents (son passé, maladies ou accidents s’il y a eu). Cela peut avoir lieu en amont de la consultation lors de la prise du rendez-vous par exemple.
Ensuite, l’ostéopathe va vous demander le motif de consultation avec des détails supplémentaires si besoin. Viennent enfin :
▶ La phase de début de manipulation qui commence par un état de santé complet du rat : l’ostéopathe regarde en premier lieu l’environnement du patient, s’il vit en cage avec d’autres congénères ou non. A son arrivée près de la cage, il observe si le rat est curieux, attentif et s’il flaire. Il observe également sa posture, s’il parait en embonpoint et sa locomotion (grimpe facilement, paralysie des postérieurs,…). Il est également attentif à tous les bruits respiratoires signes de pathologie respiratoire.
Une fois le rat entre ses mains, il regarde la sécrétion de porphyrine afin de s’assurer qu’elle n’est pas en excès. Puis il examine les oreilles et palpe autour (une boule peut-être apparente, cela peut correspondre à un abcès ou une tumeur par exemple) afin de s’assurer que le rat ne présente pas une otite (notamment si un trouble de l’équilibre a été observé). Il cherche à mettre en évidence toute masse anormale (abcès, tumeur), ainsi que toute lésion cutanée (alopécie, parasites externes, pyodermite,…).
Il appréciera l’état d’hydratation qui chez le rat se remarque notamment par le degré d’enfoncement de l’oeil dans l’orbite.
Si besoin, il peut faire un examen clinique plus poussé en prenant la température corporelle qui est aux alentours de 37.5°C. Ceci s’effectue par un thermomètre classique (le même que chez l’humain) qu’il introduira délicatement dans le rectum.
Il peut écouter la fréquence cardiaque qui est de 250 à 450 battements/minute ou la fréquence respiratoire qui est comprise entre 65 et 115 mouvements par minute au repos avec un stéthoscope pour petits animaux. Il écoute tous les bruits respiratoires suspects. Il peut également être amené à lire des examens complémentaires tels que des radiographies, des échographies, ainsi que des analyses de sang et biochimie.
▶ La phase palpatoire afin de trouver tout blocage, tension, douleurs, chaleurs... là le praticien va examiner en détail chaque membre, la colonne, les organes internes, bref il va « scanner » tout le corps du rat.
▶ La phase de dynamique si besoin : voir comment se déplace le rat pour déterminer s’il y a un problème locomoteur.
▶ La phase de manipulation : il s’agit du traitement des lésions . C’est la plus grosse partie de la séance et l’ostéopathe pourra utiliser diverses techniques selon la nature de la lésion à traiter et selon la façon dont le rat y est réceptif.
Le MRP (Mouvement Respiratoire Primaire):
Il serait à l’origine de la thérapie crânio-sacrée et résulte de plusieurs composantes au nombre de six d’après W.G Sutherland. C’est un mouvement du crâne au sacrum qui se fait par l’intermédiaire des méninges et le liquide céphalo-rachidien notamment.
Les 6 composantes de W.G Sutherland sont :
▶ la mobilité du cerveau,
▶ la fluctuation du liquide céphalo-rachidien,
▶ les phénomènes membraneux des méninges,
▶ les mouvements des os du crâne,
▶ la mobilité involontaire du sacrum entre les iliaques,
▶ les chaînes myofaciales font relais au mouvement.
Les ostéopathes utilisent l’écoute du MRP sur les rats à chaque début de séance, cela leur permet d’effectuer un « bilan de santé tissulaire » de leur patient. Ils l’écoutent au niveau du crâne et du sacrum. Du fait de la petite taille des rats, il est difficile de poser sa main entière, ce sera donc du bout des doigts que l’on devra sentir le MRP, cela demande une grande concentration, et de l’expérience.
Le TAT (Test de Traction Tissulaire):
C’est un outil de diagnostic ostéopathique. Le praticien peut poser ses mains n’importe où sur le corps du patient et se laisse guider par une attraction dite « tissulaire ». Le praticien prend alors en compte la zone ou la structure précise (ex : vertèbres, viscères…) vers laquelle ses mains sont attirées, cela pourra permettre de faire des liens avec d’autres zones en restriction ou tension.
Le TGO (Travail Global Ostéopathique):
C’est une séquence particulière de techniques articulaires à long levier, à visée diagnostique et thérapeutique et intéressant tout le corps.
Cette technique est basée sur trois principes qu’on appelle principe des « 3R » :
▶ La routine : les mouvements sont répétés et continus durant tout le traitement.
▶ La rotation : les mouvements du corps sont basés sur différents axes de rotation, et du coup l’ostéopathe joue sur la circumduction et l’amplitude du mouvement.
▶ Le rythme : le corps possède de nombreux rythmes, par exemple le rythme cardiaque, respiratoire…
Ces rythmes sont propres aux patients et donc le rythme du travail en TGO devra s’adapter à chaque individu. Le rythme joue un rôle sur le système neuro-végétatif. Lorsqu’il sera accéléré cela jouera sur le système orthosympathique, et à l’inverse lorsqu’il sera lent cela favorisera la détente et jouera sur le système parasympathique. Cette technique est contre indiquée lors de douleurs vives et d’inflammation aiguë. Cette technique peut être utilisée sur les membres antérieurs des rats afin de libérer les tensions musculaires des épaules.
La technique structurelle ou « thrust » :
C’est un mouvement de faible amplitude mais de haute vélocité. Le praticien vise à corriger directement l’articulation incriminée en défaut de mobilité.
Chez le rat cette technique demande extrêmement de précision et de contrôle pour induire un mouvement minime afin de lever la lésion ostéopathique. De plus les rats étant très souples, l’ostéopathe peut vite perdre la mise en tension du blocage articulaire qui nous permet de thruster au bon moment.
Cette technique permet de ré-informer le corps de l’animal et de redonner de la mobilité rapidement.
Elle ne doit pas provoquer de douleur chez l’animal, il peut par contre être surpris.
On peut utiliser cette technique notamment pour lever des lésions du rachis (rachis thoracique et lombaire) et du bassin.
La technique fonctionnelle :
Ce travail consiste en une aggravation de la lésion ostéopathique. L’ostéopathe accentue de façon volontaire la lésion afin de permettre au corps de mobiliser sa faculté d’auto-guérison par des contractions musculaires reflexes. On peut utiliser cette technique chez le rat qui grâce à sa grande souplesse se « traite » quasiment tout seul, notamment pour les lésions du rachis (de la nuque au sacrum).
La FTM (Force de Traction Médullaire) :
La force de traction médullaire est une tension au niveau de la colonne vertébrale (entre le crâne et les premières vertèbres coccygiennes)
qui s’installe suite à une croissance différentielle entre le rachis vertébral et la moelle épinière chez le jeune animal. Cette différence de croissance s’explique par les hormones de croissance, en effet le rachis osseux est sensible à ces hormones alors que la moelle épinière y est insensible. Par la suite cette tension excessive entraîne différents troubles :
▶ tensions des membranes intracrâniennes avec perte de mobilité des os du crâne,
▶ déformations du rachis et anomalies posturales : dos voûté, scoliose...
▶ torsion du diaphragme : désordres viscéraux,
▶ trouble fonctionnel des membres : boiterie,troubles neurologiques locomoteurs.
La séance se termine par rééquilibrage craniosacré qui permet d’harmoniser tout le corps pour clôturer tout le corps.
Texte et photos : Douphie.