Génotype ou Phénotype ?
Vous commencez à vous intéresser à la génétique du rat et vous débutez ? On est là pour vous guider. Pour commencer, nous vous proposons un article pour comprendre la différence entre deux notions importantes : le génotype et le phénotype.
Le phénotype
Le phénotype de notre rat est simplement... tout ce qui se voit ! Sa couleur, la forme de ses oreilles, son marquage... mais aussi des choses auxquelles on pense moins, comme par exemple la longueur de sa queue, le nombre de ses doigts, le fait d’avoir des petits ou des gros yeux, son groupe sanguin, la présence de pathologie, et même sa personnalité ! Autrement dit, le phénotype est l’ensemble des caractères observables d’un être vivant.
Ainsi, tout éleveur, même s’il se concentre essentiellement sur la santé et le caractère de sa famille, pratique une sélection « au phénotype » ! Et même en se limitant aux couleurs de poils, de marquages, de couleurs des yeux, de dilutions… il y en a tellement qu’il est parfois difficile de s’y retrouver lorsque l’on débute. Le plus simple est de commencer par se fier à nos yeux : un rat aura beau être « black-eyed devil bleu russe », s’il est tout blanc, son phénotype est bel et bien « blanc avec des yeux noirs ».
Pour le reste, ça va se compliquer !
DTC White Walker, génotype et variété : BEDevil bleu russe, phénotype : blanc aux yeux noirs !
Le génotype
Alors d’où viennent ces caractères visibles ? Ils dépendent à la fois des gènes reçus des parents, et de l’environnement dans lequel ces gènes s’expriment. On peut voir les gènes comme des modes d’emploi, des recettes de cuisine pour fabriquer et faire marcher l’organisme. Chaque gène détermine un caractère héréditaire et occupe une place bien définie sur un chromosome.
Les chromosomes sont le support physique de l’information génétique. Le petit truc en plus, c’est que chaque rat possède deux exemplaires, deux versions de chaque gène : un légué par son père, et un légué par sa mère, chacun porté par un chromosome. Pour chaque paire de chromosomes, un caractère donné est donc gouverné par les deux versions du gène, appelées allèles.
L’ensemble des allèles concrètement possédés par un même individu constitue son génotype.
Du génotype au phénotype
Voilà donc notre rat avec ses deux allèles du même gène, qui vont déterminer un caractère donné, par exemple, le nombre de doigts au pied gauche.
Que se passe-t-il ensuite ? Plusieurs cas de figure peuvent se produire. Soit les deux allèles sont identiques, et le rat aura le nombre de doigts prévu par cet allèle. Soit les deux allèles sont différents, l’un dit « 5-doigts » et l’autre « 6-doigts », et alors l’un des deux va gagner (on dit qu’il est dominant) et l’autre va rester caché (il est récessif). L’allèle caché est dit « porté ».
Chaque rat possède deux allèles de chaque gène, chacun sur un chromosome (quand le chromosome est en train de se diviser, comme ici, chaque allèle est temporairement dédoublé, mais ce n’est pas important pour nous.) Ici, deux parents ayant cinq doigts et de même génotype « un allèle 5-doigts, un allèle 6-doigts » donnent chacun à leur enfant leur allèle « 6-doigts » : leur raton naît avec 6 doigts.
Rate polydactyle, possédant cinq doigts au pied gauche et six au pied droit. (Contributrice anonyme)
Développons concrètement notre exemple.
Si un rat a reçu un allèle « 5-doigts » de son père et un allèle « 5-doigts » de sa mère, il naîtra avec cinq doigts. S’il a reçu un allèle « 6-doigts » de son père et « 6-doigts » de sa mère, il naîtra avec six doigts. Enfin, s’il a reçu un allèle « 5-doigts » d’un de ses parents et un allèle « 6-doigts » de l’autre, il naîtra avec cinq doigts, car cet allèle est dominant, et il sera « porteur six-doigts », car cet allèle est récessif. Inversement, en observant le phénotype, on peut parfois déduire des informations sur le génotype : si le rat a six doigts, nous savons qu’il a deux allèles « six-doigts », sans même connaître ses parents. S’il en a cinq, en revanche, on ne peut pas conclure puisqu’il y a plusieurs possibilités.
A ceci va s’ajouter l’environnement, le contexte dans lequel les gènes vont s’exprimer : par exemple l’alimentation, les accidents, les stress...
Reprenons notre exemple. Si notre rat a deux allèles 6-doigts et est né avec six doigts, mais qu’un de ses doigts s’est trouvé amputé, son génotype reste « deux allèles 6-doigts » mais son phénotype devient... « cinq doigts » !
Autrement dit, le phénotype est l’expression visible du génotype dans un environnement donné.
Une correspondance pas toujours exacte
Comprendre ces quelques principes vous permet déjà de vous rendre compte d’où vient la différence entre génotype et phénotype :
▶ Certaines informations du génotype ne se voient pas : les gènes récessifs portés par exemple.
▶ Deux génotypes différents peuvent donner lieu au même phénotype : un rat qui a cinq doigts peut avoir deux allèles 5-doigts, ou un allèle 5-doigts et un allèle 6-doigts.
▶ Inversement, un même génotype peut donner lieu à des phénotypes différents : les rats avec deux allèles 6-doigts n’ont pas forcément tous le même nombre de doigts en fonction de leur histoire de vie.
On connaît des correspondances entre gènes et apparence du rat depuis les années 1900, mais on en découvre toujours ! Ces connaissances sont importantes pour les rateries, bien au-delà des seules couleurs, dilutions, oreilles & co, puisque santé et caractère peuvent aussi en dépendre... mais souvent d’une manière moins directe.
Maintenant que vous connaissez les définitions du phénotype et du génotype, vous pourrez bientôt mieux comprendre les notions plus complexes de probabilités et de prévision de portée, mais aussi de l’intérêt et des limites de la sélection sur les critères de santé et de caractère.
DTC White Walker, mais plus jeune. Alors que le génotype est immuable, le phénotype peut évoluer dans le temps !
Texte : Rustina, Artefact, Ambrozy.
Photos: Ancalimë, Artefact.
