Camille Fievez, alias YaYa
Des chapeaux par milliers, un site web de référence, un livre, une chaîne youtube, une raterie, des chats, un travail, un groupe de metal, une petite fille… s’il y a une chose que YaYa ne sait pas faire, c’est s’ennuyer ! Nous l’avons interrogée à l’occasion de la sortie de son livre « Le Grimoire des Rats Domestiques ».
Bonjour YaYa, peux-tu te présenter à nos membres ?
Je m’appelle Camille Fievez, j’ai 30 ans, j’habite à Cambrai (où on fait des bêtises !) et je suis maman d’une petite Rose âgée de 6 ans et
demi. J’ai adopté mes premiers rats très jeune, une dizaine d’années et j’ai vraiment eu un coup de foudre pour ces petites bêtes. Après le décès de mes deux premiers loulous, j’ai attendu 2 ou 3 ans avant d’adopter de nouveau, un rat nu. En 2005, quelques années après son décès, j’ai adopté de nouveaux rats et je n’ai plus cessé d’en avoir !
Tu es une des plus anciennes membres d’SRFA toujours active. Comment expliques-tu la longévité de ta passion ? Jamais de lassitude ?
On peut dire que je fais partie des meubles en effet ! Je suis toujours aussi amoureuse des rats, il y en aura à la maison pendant encore très
longtemps ! Il y a parfois eu des coups durs, des peines difficiles à cicatriser, des désillusions avec mes projets, et même avec les gens... mais les rats m’ont vraiment beaucoup apporté. Ils m’ont aidée à grandir, à me forger, à travailler en équipe, à défendre mes points de vue, à trouver ma voie professionnelle. Ils m’ont donné tant d’amour que je n’ai jamais pu me passer d’eux, et ils ont encore plein de choses à m’apprendre.
Tu as donc choisi ton métier « grâce aux rats » ?
Plutôt « à cause d’eux » en fait ! La première fois que j’ai mis les pieds dans une clinique vétérinaire c’était avec un rat, Nergal. Bien entendu, quand on a eu plus d’une centaine de rats, des loulous en famille d’accueil, des portées, on a forcément fréquenté les cliniques vétos. C’est comme ça que j’ai découvert le métier d’Auxiliaire Spécialisée Vétérinaire (ASV), qui m’a très vite attirée et pour lequel j’étais faite, je pense, même si ce n’est pas facile tous les jours. Cela fait maintenant un peu plus de 5 ans que je travaille dans une clinique canine. Au sein de l’équipe je suis considérée comme la « spécialiste » et mes collègues renvoient les gens vers moi lorsqu’il s’agit de rats ou d’autres petits mammifères. C’est très valorisant, mon expérience en tant que propriétaire et passionnée de rats domestiques est vraiment reconnue.
Est-ce que ça change quelque chose pour toi comme « humaine domestique » ?
Tout d’abord ça a changé considérablement ma façon de soigner mes rats. J’allais chez le vétérinaire avant d’être ASV mais maintenant que je le suis... j’y vais encore plus souvent ! J’imagine souvent le pire, ce sont mes collègues qui me rassurent. Je suis plus attentive aux petits et gros bobos, j’ai aussi acquis certaines compétences techniques (contention, injections…) J’ai aussi pu développer mes connaissances médicales, ce qui m’a beaucoup aidé pour la rédaction de mon livre, dont la partie santé a d’ailleurs été corrigée par l’une de mes collègues.
Parlons de ton livre justement. Que contient il?
Il y a six ans, j’ai eu envie d’écrire un livre car la plupart de ceux que je possédais proposaient malheureusement des informations erronées, voire dangereuses. Comme j’ai des facilités en rédaction (vive le bac L !), j’ai trouvé que ce serait le meilleur moyen de mettre mes connaissances à plat. Je voulais rédiger un ouvrage le plus complet possible, pour qu’il puisse servir de base aux « primo-adoptants », aujourd’hui noyés dans la masse d’information sur internet, et être conseillé par les rateries. J’ai choisi le livre papier car je n’accroche pas trop au format numérique, j’aime bien tourner les pages, les sentir. C’est un grand format de 132 pages, avec beaucoup d’images en couleur, d’où le prix qui peut sembler élevé (avec quand même une promo de 15% pour le lancement) mais ça les vaut ! Une petite partie présente les origines du rat domestique et sa classification, puis j’aborde des thèmes plus précis comme la physiologie et l’anatomie, les variétés, l’adoption, l’habitat, l’alimentation, les soins, le comportement, le voyage, le dressage, la reproduction et la santé.
As-tu prospecté des éditeurs ou directement opté pour l’auto-édition ?
L’accessibilité de l’auto-édition m’a motivée pour mener à bien ce projet, que j’avais laissé de côté pendant pas mal de temps. J’avais passé beaucoup de temps dans la rédaction, les photos, la mise en page, je n’avais pas forcément envie de gérer des commandes, des envois... et avoir un stock c’est le risque de ne pas l’écouler. J’ai choisi lulu justement parce que je n’ai pas d’investissement à faire (lulu imprime à la commande.) Je n’ai démarché aucun éditeur, ce qui est dommage car le livre ne sera pas distribué dans un circuit classique. Cependant il devrait également être bientôt disponible sur Amazon, et peut-être un jour un éditeur le remarquera !
Outre le livre, tu diffuses aussi tes connaissances sur youtube. Qu’apporte ce média par rapport aux autres ?
Les vidéos c’était plutôt l’idée de Rose, qui fait partie de cette génération d’enfants hyperconnectés, qui savent se servir d’une tablette ou d’un pc avant même de savoir lire et écrire... Rose est très fan de plusieurs chaînes et bien entendu, un jour elle a commencé à se filmer en cachette avec la tablette. Je lui ai alors proposé qu’on réalise des vidéos ensemble, mais j’avais envie « d’élever » un peu le niveau et que ces vidéos lui apprennent des choses.
Et quoi de mieux que les rats comme sujet principal ! Mon but était avant tout de partager ces moments et ma passion avec ma fille, mais j’ai aussi voulu que cela puisse servir à d’autres enfants ou à des adoptants novices. Le visuel parle plus aux jeunes, moins disposés à lire de longs pavés, c’est un excellent support pour parler aux plus petits.
La chaîne marche bien ?
Nous avons réalisé notre première vidéo il y a environ un an maintenant, et 5 ou 6 autres depuis. On peut dire qu’elle rencontre un franc succès (839 abonnés) mais j’ai été un peu coupée dans mon élan... suite à l’une de nos vidéos sur une intégration, une personne mal renseignée aurait eu un accident avec l’un de ses rats (tombé de la table où elle faisait ses rencontres.) Des personnes immatures en ont profité pour poster des commentaires puérils... J’ai mis un frein car je n’avais tout simplement pas envie de revivre mes années forum et de perdre du temps dans des gamineries. Mais au final c’est Rose qui est pénalisée, donc je pense que nous en réaliserons quand même d’autres, si je trouve quel nouveau thème intéressant aborder.
Ce sont tes passages à la télévision qui t’ont donné envie de faire la chaîne ?
On peut dire que c’est une suite logique oui. Lors de mon premier passage télé en 2009 dans 30 Millions d’Amis, j’ai reçu beaucoup de messages de personnes qui avaient vu le reportage et qui avait envie de découvrir les rats de compagnie. C’était une belle opportunité de partager ma passion et de convaincre, ce fut une journée mémorable et fatigante (le tournage a duré 8 heures pour 8 minutes de reportage !) mais c’est toujours un plaisir de la revoir. La seconde fois fut plus amusante car il s’agissait de recevoir chez nous une équipe de tournage japonaise ! Mon passage aux Animaux de la 8 en 2014 restera mon souvenir le moins bon. L’équipe n’est restée que 2 heures à peine, il fallait faire vite et j’étais du coup très stressée. J’aimerais vraiment que l’opportunité se représente un jour, histoire de ne pas rester sur une mauvaise note !
La mauvaise note, c’est quand même que tu as arrêté la repro ! Tu replonges quand ?
Très bientôt ! C’est une belle occasion que tu m’offres là pour l’annoncer : 2019 verra naître des petits ACH ! La repro me manque vraiment
et maintenant que j’ai arrêté A Hat for my Rat, j’ai beaucoup plus de temps libre et pour mes rats. Je suis à la recherche de femelles pour plusieurs de mes mâles et il se pourrait que l’un d’eux ait trouvé une fiancée... Nous sommes en pleine discussion avec la raterie concernée, je croise vraiment fort les doigts !
Et si je ne trouve personne pour travailler avec moi, et bien on recommencera en interne, quand je pourrai envisager d’adopter un groupe de filles. Pas avant mon déménagement, fin avril.
Justement, les chapeaux, c’est fini fini ? Pas de regret ?
Honnêtement je suis contente, même soulagée, d’avoir arrêté. C’est une activité qui m’a énormément apporté humainement, c’était génial de partager ma créativité avec des passionnés du monde entier (mes chapeaux ont fait au moins 50 fois le tour du globe, ils ont voyagé plus que moi !) mais c’était aussi un boulot énorme, des journées entières et parfois la nuit. Cela m’a fait un gros pincement au coeur, mais après 5 ans j’étais lassée que cela vole du temps à ma famille et mes animaux. Il ne faut pas espérer, il n’y en aura vraiment plus !
Et pour le Lab-o-Rats, peut-on espérer de nouveaux projets ?
On peut espérer oui ! Le Lab-o-Rats est en veille depuis trop longtemps. J’ai lancé un appel en 2018 afin de créer un groupe de travail pour
le mettre à jour. Nous allons aussi travailler avec le LORD afin qu’il renvoie les gens sur le Labo, voir des photos et plus facilement identifier leurs rats. J’aimerais aussi vivement travailler sur des standards français, je n’en dis pas trop mais je sais que des projets travaillent en ce sens et le Labo saura les mettre à l’honneur ! Pour l’instant je me suis concentrée sur mes derniers chapeaux puis sur mon livre, donc je ne me suis pas encore vraiment impliquée, mais ça ne saurait tarder.
Un dernier scoop ?
La reprise de l’élevage, une nouvelle vidéo, un gros travail sur le Labo et une participation à l’établissement de standards, ça fait déjà beaucoup de temps libre à occuper ! Mais si je peux profiter de cette interview pour parler officiellement d’un nouveau projet qui me tient à coeur : l’accueil de vieux rats en fin de vie. Au cours de l’année écoulée j’ai eu la chance d’accueillir deux papys à la maison, Bruce puis Moustique. Ils ne sont pas restés chez nous très longtemps, mais j’ai été heureuse de leur offrir une belle fin de vie. Les vieux rats ont beaucoup de difficultés à être adoptés et même s’ils sont très bien soignés dans certaines associations, ils méritent une vraie seconde vie.
Le livre de YaYa peut être commandé sur le site :
http://www.lulu.com/shop/camille-yaya-fievez/le-grimoire-des-rats-domestiques/paperback/product-23906927.html
Texte : Artefact. Photos : YaYa.
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