Quand et pourquoi as-tu commencé à adopter des rats ?
J’ai trouvé un jeune rat domestique abandonné dans un jardin en 2003 alors que je me promenais avec un ami. Ma mère m’a autorisée à le garder. Après ça, je n’ai jamais cessé d’avoir des rats ! Cela fait 16 ans sans interruption !
Depuis combien de temps élèves-tu des rats ?
Depuis 12 ans. Ma première portée est née le 28 août 2007.
Quels sont tes projets et évolutions en tant que raterie ?
J’aime énormément le rex, j’ai commencé l’élevage pour ce gène. Actuellement, je me suis spécialisée dans le burmese et les variétés de BE (black eyes) comme le siamois, l’himalayen ou l’ivory. J’essaie aussi d’introduire le bleu russe.
En restant en contact avec les nouveaux propriétaires de mes bébés, en demandant et en donnant régulièrement des nouvelles, je recueille autant d’informations que possible afin d’améliorer et de faire les bons choix pour continuer ma lignée.
Quels sont tes critères de sélection pour l'élevage ?
Je sélectionne le tempérament et la longévité mais je suis presque sûre qu’une bonne morphologie peut être directement liée à la santé et à la durée de vie. Je préfère les mâles et les femelles bien typés par rapport à leur sexe. Le rat de mes rêves devrait avoir un corps long, avec une musculature développée, des épaules larges, de grands yeux brillants et une tête bien formée. En réalité, ce n’est pas si simple !
Comment fonctionnent les rateries néerlandaises par rapport à celles des pays étrangers ?
Je pense que la plus grande différence entre les éleveurs néerlandais et étrangers (France, Pologne, Royaume-Uni, etc.) est qu’il est encore tout à fait normal ici d’avoir des demandes avant même la naissance d’une portée. J’ai des gens qui attendent des bébés depuis parfois plus d’un an ! Comme je n’ai moi-même que des femelles, je place les futurs mâles reproducteurs chez des amis proches (ou d’autres éleveurs parfois), afin qu’ils soient disponibles pour d’éventuelles futures portées.
Quelles sont les difficultés liées à ton activité de raterie ?
Je pense que pour moi, c’est de surmonter les mauvaises nouvelles, quand les choses ne vont pas bien. Quand j’ai eu ma première portée complètement interne en 2009, ça s’est fini par une césarienne (pas de bébés vivants) et puis par le décès de la mère, à cause de complications. Oui, l’élevage a parfois ses inconvénients.... Quand tout s’arrange, avoir des bébés heureux et en bonne santé est vraiment une grande satisfaction.
Es-tu impliquée dans d'autres projets autour du rat (shows, forum...) ?
J’adore les réunions ratesques et ce genre de choses, j’amène souvent mes rats aux shows et j’ai même organisé une journée « Rattery Shita » une fois ! J’ai organisé des expositions et j’ai de l’expérience en tant que juge. J’ai été impliquée dans divers clubs et organisations au cours des années. Mais maintenant je ne suis plus que membre et éleveuse enregistrée à la National Fancy Rat Society (Association britannique).
J’ai été très active sur les forums, non seulement en tant que membre mais aussi en tant que modératrice (Elian et moi avions même notre propre forum pendant un certain temps). Ces derniers temps, les forums néerlandais ne sont tout simplement pas assez actifs pour avoir un véritable avenir... à cause de Facebook, Twitter, Instagram. J’ai choisi de n’être sur aucun réseau social, donc je suis un peu triste d’avoir perdu le forum !
Est-ce que tes ratons sont souvent adoptés à l'étranger ?
Un peu moins de 20% de mes bébés partent des Pays-Bas (vers la Belgique, l’Allemagne, la France, la Pologne et la République tchèque).
Tu es inscrite sur SRFA, peux-tu nous dire ce que tu penses de l'élevage français ?
Je crois qu’en France, il n’est pas encore courant de reproduire deux rats de la même famille. Personnellement, je pense qu’il vous faudra faire du linebreeding-inbreeding, du moins lorsque vous visez la santé et la longévité.... C’est la meilleure et la plus simple des façons de savoir avec quel type de rats vous travaillez vraiment, et de savoir quelles choses doivent être améliorées. De cette façon, vous pouvez mieux choisir les qualités attendues à la prochaine génération. Sélectionnez aussi pour la morphologie et la taille (pas seulement sur le tempérament et la santé) car cela mettra en évidence toutes les caractéristiques de la famille, même les plus négatives. Il s’agit de sélectionner les meilleurs animaux pour l’élevage, ne vous contentez pas de moins !
Je pense que les reproductions avec un certain pourcentage de consanguinité sont même considérées comme « à ne pas faire » par certains éleveurs français - je ne suis vraiment pas d’accord là-dessus. Je travaille plutôt avec des rats apparentés qui ont été sélectionnés de cette manière, au lieu de les reproduire sans lien de parenté en outcross ! Les ratons issus de ces reproductions avec peu de consanguinité peuvent sembler en bonne santé, mais peuvent porter toutes sortes de défauts génétiques et de déficiences dont vous n’avez pas connaissance... Pour les premières générations, vous n’aurez probablement pas à vous en occuper, mais lorsque les problèmes deviendront visibles, il sera peut-être déjà trop tard. 
Pensez-y : même si le problème n’est pas encore visible, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas là.
Je pense qu’il est vraiment important de commencer par de bons rats issus d’une famille bien connue, avec au moins deux générations d’informations détaillées. Je ne recommanderais pas l’élevage en linebreeding sur des rats avec peu d’informations de base, un type ou une santé médiocre ou des rats provenant d’éleveurs douteux. Plus vous gardez ou élevez des rats longtemps, mieux vous reconnaîtrez certains types et les défauts fréquents ou communs (parfois causés par la génétique, ou peut-être simplement une mauvaise sélection...). Je travaille souvent en linebreeding, mes rats sont tous apparentés les uns aux autres et je pense que l’espérance de vie globale de mes portées est supérieure à la moyenne en France.
Qu'espères-tu à l'avenir pour ta raterie ?
J’espère pouvoir continuer à élever des rats comme je le fais maintenant.... C’est plus qu’un hobby pour moi ! Je ne peux vraiment pas m’imaginer sans rats, c’est ma passion.
Texte : Tani. Photos : Shita.
EDS n°08 octobre 2019
