L’allergie aux rats
Vous éternuez ou avez le nez qui coule en présence de vos rats ? Vous pensez y être allergique ? Pas de panique, il existe des solutions pour confirmer ou non votre allergie et la traiter si c’est possible.
Définition et mécanismes
L’allergie est une réaction de l’organisme à un agent étranger (allergène). C’est une forme d’hypersensibilité, une réaction anormale du système immunitaire contre un allergène. Les symptômes et leur intensité sont variables d’un individu à l’autre.
C’est un mécanisme en deux temps. Tout d’abord, pendant une exposition dite de « sensibilisation », l’allergène va conduire à une réponse immunitaire chez l’individu. L’organisme va produire des anticorps, les immunoglobulines E (IgE), capables de reconnaître l’allergène en question. Ces anticorps se fixent sur les cellules des muqueuses. Lors d’un second contact, l’allergène va rencontrer ces cellules porteuses des IgE, qui vont les stimuler et provoquer une réaction inflammatoire. Il en résulte des symptômes allergiques.
Quels sont les symptômes ?
Les principaux types de manifestations allergiques aux animaux, sont les suivantes :
▶ L’asthme
▶ L’eczéma
▶ La rhinite allergique
▶ L’urticaire
▶ L’anaphylaxie
La rhinite allergique est sûrement l’image la plus courante qu’on se fait de l’allergie : éternuements à répétition, nez qui coule, picotements, larmoiements et irritation des yeux. Chez les ratouphiles, beaucoup témoigneront de réactions de la peau suite à des griffures ou à l’urine de leurs rats. Cela se manifeste généralement par des démangeaisons et l’apparition de plaques rouges. Enfin l’anaphylaxie est la manifestation la plus sévère de l’allergie, aussi appelée le choc anaphylactique. Cette réaction, potentiellement mortelle, est une urgence médicale absolue qui nécessite de prévenir immédiatement les secours.
Gonflement important des yeux chez Ophélie Rybky.
Zoom sur l’allergie aux rats
Chez le rat, la source majeure des allergènes est l’urine (De Blay, F. et Krieger, P. ; 1997). De plus, il semblerait que le rat ait un important
pouvoir sensibilisant. L’étude de Francuz et al. (2004) a démontré que le rat de laboratoire est responsable de réactions allergiques (asthmes, rhinite et urticaires) chez 25% du personnel de laboratoire. Concernant ces personnels, le début des symptômes apparaîtrait un à trois ans en moyenne après le début du contact avec les rongeurs. L’asthme peut se développer plus tardivement, un à deux ans après les premiers symptômes.
Réaction cutanée chez Grace Burrows suite à des griffures. Rat care UK.
Je pense être allergique à mes rats, que faire ?
Si vous possédez des rats et présentez ces symptômes, il faut d’abord vérifier si vos animaux en sont vraiment la cause. En effet, les réactions allergiques pourraient venir d’autres facteurs environnementaux : pollens, litières, moisissures… La première chose à faire est d’en parler à votre médecin. Celui-ci pourra vous fournir une ordonnance pour consulter un allergologue, et éventuellement vous fournir un traitement, en attendant, pour soulager vos symptômes. L’allergologue vous fera passer un test afin de détecter votre ou vos allergies mais aussi vos capacités respiratoires.
Comme vérifier si vous êtes asthmatique ou non, l’asthme pouvant rendre les réactions allergiques respiratoires plus sévères. Il existe différents types de test : le Prick test, le Patch test et les tests sanguins.
Le Prick test est généralement le plus utilisé. Il consiste à déposer une goutte d’allergène purifié sur l’avant-bras du patient et à piquer la peau avec une aiguille pour faire pénétrer l’allergène. Ce test est très rapide et les réactions sont visibles au bout d’une dizaine de minutes. S’il y a une réaction allergique à l’un des allergènes, des rougeurs ou des renflements apparaîtront.
Il existe aussi les Patch tests qui consistent à exposer la peau du patient, généralement celle du dos, aux allergènes suspectés. Le patch est appliqué pendant au moins 48h et le test est considéré comme positif s’il y a des réactions épidermiques (érythèmes, œdèmes, vésicules).
Ce test est noté de + à +++ selon l’intensité de la réaction. Lors du test, il est nécessaire d’éviter le contact avec l’eau et l’exposition aux UV.
Exemple d’un Prick test.
Enfin il y a les tests sanguins qui permettent d’identifier les allergènes et l’intensité à l’allergie. Le test est une simple prise de sang, dont différents échantillons seront mis au contact avec un allergène spécifique. Cela permet de quantifier le taux d’immunoglobuline E présent en réaction à l’allergène.
Suite à l’un de ces tests, si votre allergie aux rats est effectivement confirmée, l’allergologue pourra vous prescrire un traitement en fonction de l’intensité de votre allergie. Cela suffit la plupart du temps. Il est donc vraiment important de voir un allergologue si vous suspectez une allergie. Malheureusement on voit encore beaucoup trop de gens abandonner leurs animaux sous ce prétexte, sans même vérifier qu’ils en sont bien la cause. De plus des traitements existent.
Les rats ayant une durée de vie moyenne de 2 ans, cela ne semble pas insurmontable de prendre un traitement le temps qu’ils finissent leur vie tranquillement, puis arrêter l’aventure ratounesque si on le souhaite. Sous réserve que l’allergie et le traitement soient supportables bien sûr, puisque des cas extrêmes existent, même s’ils restent relativement rares.
Astuces pour gérer son allergie
À côté des traitements médicamenteux pour soulager votre allergie aux rats, des petites astuces peuvent être mises en place pour limiter l’exposition aux allergènes. Pensez à bien aérer régulièrement votre logement (attention aux courants d’air). Si vous le pouvez, dédiez un espace à vos rats afin qu’ils ne déposent pas des allergènes sur vos lieux de vie (lits, canapés...) ainsi que des vêtements que vous porterez uniquement lors de leurs contacts. Vous pouvez aussi investir dans un purificateur d’air, dont certains modèles sont conçus pour filtrer les poils d’animaux (filtre HEPA). Il existe aussi des aspirateurs munis de ces filtres. Néanmoins, il faut savoir que leur efficacité n’a pas été prouvée. Pensez aussi à bien vous laver les mains après les avoir manipulés, pour éviter d’avoir des réactions désagréables si vous vous frottez les yeux. Pour l’urticaire ou l’eczéma, favorisez des vêtements couvrant bien la peau lors des sorties et vous pouvez porter des gants lors du nettoyage de la cage. Enfin si griffures, nettoyez et désinfectez les plaies pour minimiser les réactions et éviter l’infection.
Sources :
▶ B. Francuz et al. / Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 44 (2004) 476–482
▶ F. de Blay et P. Krieger / Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 37 (1997) 56-64
Témoignage
Dans certains cas, peu courants mais extrêmes, l’allergie est si forte qu’elle peut nécessiter le replacement des animaux. Voici le témoignage d’Ophélie qui a été confrontée à cette situation.
Elle a adopté ses premiers rats en août 2018 et des difficultés respiratoires se sont déclenchées à partir de janvier 2020. Néanmoins Ophélie n’y a pas prêté attention : « Quand j’ai commencé à y penser, je me suis voilé la face et je n’ai rien fait ».
Mais rapidement les symptômes s’aggravent : yeux enflés, larmes jaunes, urticaires, gorge gonflée… Alors Ophélie se rend chez son médecin généraliste qui malheureusement ne lui fournit ni ordonnance pour l’allergologue, ni médicament pour calmer ses crises. Elle se tourne alors vers l’éleveuse du Domaine des Arkenstones, chez qui elle a adopté, et les autres adoptants de la portée. Selon Ophélie « J’ai eu beaucoup plus d’informations de la part de personnes « lambda » plutôt que de mon médecin généraliste ».
Ophélie, se sentant coupable de cette situation, n’a pas réagi de suite et les crises étaient de plus en plus violentes. Réalisant qu’elle pouvait en mourir, elle se rend chez un autre médecin qui lui donne des seringues d’adrénaline qu’elle doit s’injecter (ou un proche) si son coeur lâche car « la prochaine crise peut vous être fatale ».
Le constat est dur pour Ophélie : « Mon ressenti a été horrible, encore là, à l’heure où j’écris je suis toujours dans ce truc de culpabilité de « c’est ma faute ». Ça a été un déchirement total ! C’est un adieu faut pas se leurrer, c’est atroce ». De ce fait, l’éleveuse a pris tout de suite les rates le temps de les replacer : « J’ai été merveilleusement bien accompagnée, par la meilleure des éleveuses. Elle me comprenait et ne me jugeait pas et j’en avais vraiment besoin. » Selon Ophélie « Faites tout ce que je n’ai pas fait ! N’attendez pas et consultez ! Et si votre médecin ne fait rien pour vous, alors changez de médecin ! »
Texte : Les Ratouphiles Associés.
